Je suis venu...en Voisin
Le titre de la note est un peu facile reprenant un célébre slogan de la firme des Automobiles Avions Voisin.
Voici donc la dernière aquarelle pour l'exposition à Montlhéry représentant César Marchand au volant de cet engin tout droit sorti des romans de Jules Verne; il semble que le vert olive de la carrosseie ait été plus foncé mais moi j'aime beaucoup la teinte choisie...enfin le mieux reste de la découvrir sur place.
Les essais de cette auto ont été pratiqués pendant l'été 29, de même que des essais de carburant.
Le 16 septembre 1929, la voiture prend la piste à 14 heures aux mains des pilotes Marchand, Kiriloff et Leroy de Présalé ; tout démarre très bien la voiture dépasse le cap des 6 000 kilomètres le 18 au soir, celui de 15 000 km le 21, puis celui des 20 000 km en 146 heures, celui des 30 000 km en 224 heures. Malheureusement, la tentative n'ira pas jusqu'au 40 000 km souhaités, le dérayonnage d'une roue avant à 34 600 km provoquant un accident qui endommagera la voiture très sérieusement. En effet, la voiture quittera l'anneau et s'écrasera en contrebas. Le pilote Kiriloff est éjecté et s'en tire indemne avec chance. Les records du monde suivants étaient battus :
- 4 000 miles (6 438,568 km) : 43h 32' 45'', moyenne 148,817 km/h
- 5 000 miles (8 084 km) : moy 146 km/h
- 10 000 km : 67h 28' 23", moy 147,117 km/h
- 15 000 km : 105h 52' 27" moy 141,671 km/h
- 10 000 miles ( 16 094 km) moy 138,161 km/h
- 20 000 km : 146h 3' 8" moy 136,990 km/h
- 15 000 miles : 175h 26' 9" moy 137,600 km/h
- 25 000 km : 181h 16' 29" moy137,912 km/h
- 30 000 km : 224h 39' 58" moy 133,531 km/h
- 20 000 miles : 241h 43' 40" moy 133,151 km/h
- 48h : 7 038km, moy 148,604 km/h
- 3 jours : 10 258 km, moy 142,485 km/h
- 4 jours : 13 804 km, moy 143,780 km/h
- 5 jours : 16 575 km, moy 138,125 km/h
- 6 jours : 19 698 km, moy 136,616 km/h
- 7 jours : 23 234 km, moy 138,302 km/h
- 8 jours : 25 846 km, moy 136,616 km/h
- 9 jours : 28 794 km, moy 133,305 km/h
- 10 jours : 31 965 km, moy 133,187 km/h
La voiture remise en état fut exposée au salon de l'auto 1929. La publicité des Automobiles Avions Voisin était bien assurée une fois de plus, celle de Gaz de Paris et des huiles Yacco également. Dix neuf records du monde supplémentaires revenaient en France et Gabriel Voisin était enchanté de ramener la prétention des constructeurs américains à un peu plus de mesure. (chiffres et informations extraits du numéro 2 de la revue de l'Automobile historique de mai-juin 2000).
Commentaires
C'est un peu long, pardon. Mais savoureux. Alors comme je suis gourmand, voici ce que Gabriel Voisin écrivait dans le livre de bord de chacune de ses voitures.
Habitués des phrases commerciales, restez assis.
" ...Nous avons divisé la notice en deux parties bien distinctes : la première, courte, incomplète, sera peut-être lue ; la seconde, qui représente un énorme travail, ne sera sûrement jamais feuilletée.
L’usager d’une voiture automobile se plaint rarement d’un accident presque mensuel immobilisant son chauffe-bains.
Lorsqu’un plomb saute dans une habitation, personne n’incrimine l’électricien ou la centrale électrique.
Lorsque le calorifère fonctionne mal, on prévient l’homme de l’art par téléphone, et le client paie sans récrimination la réparation du chauffe-bains, le remplacement du plomb qui saute la mise en état du calorifère.
Il n’en est pas de même pour la voiture.
Il est bien entendu qu’un châssis doit à la fois posséder une centrale électrique, un réservoir d’eau chaude, un instrument fonctionnant à l’aide du feu, et que le tout doit s’accomplir chaque jour de la vie pour la plupart des usagers, sans retard, sans incident, sans anicroche, et lorsqu'un fil cesse de transmettre la lumière, il est bon d’incriminer le constructeur.
Lorsqu’un moteur surmené passe à travers de son carter l’une de ses malheureuses bielles, aucun propriétaire ne fera de rapport entre l’accident en question et celui qui se serait produit s’il avait doublé ou triplé dans son fusil de chasse la charge de ses cartouches.
On entasse dix personnes sur un châssis construit pour porter 300 kilogrammes de charges utiles, et quelques jours plus tard, on accuse volontiers le constructeur d’avoir employé des ressorts en acier douteux etc.
Si donc les propriétaires de VOISIN veulent continuer ce mode d’exploitation difficile à combattre, nous pourrons peut-être leur demander ce qu’ils font rarement :
Entretenir leur voiture et surtout ne pas surmener la mécanique."
C'en est poilant, mais on fait plus aimable...